L'événement (edition française)
Un drame intemporel sur une jeune femme et son droit à l'avortement.
Nous sommes dans les années 60 en France. Une jeune femme d’origine modeste se trouve à l’orée de sa vie. Elle ambitionne de faire des études de littérature puis tombe enceinte sans le vouloir. «L’événement» est l’adaptation cinématographique puissante du roman autobiographique d’Annie Ernaux, qui a reçu le Lion d’or à Venise en 2021.
L’événement | Synopsis
Anne, une étudiante pleine d’espoir d’une vie qui dépasse l’horizon de ses parents, tombe enceinte sans le vouloir. Mais dans son pays et à son époque, à savoir en France au début des années 60, elle n’a pas la possibilité de mettre légalement fin à cette grossesse. Anne est confrontée à un dilemme : soit la stigmatisation sociale d’une mère célibataire et la fin de ses ambitions professionnelles, soit le risque d’un avortement illégal. Anne n’a plus beaucoup de temps, les examens approchent, son ventre ne cesse de grossir… L’adaptation cinématographique du roman «L’événement» d’Annie Ernaux a remporté le Lion d’or à Venise.
Critique de
par Madeleine Hirsiger
«L’événement» est un événement qui émeut et qui vous prend aux tripes : nous sommes au début des années 60. Anne Duchesne, étudiante en littérature intelligente et douée, tombe enceinte sans le vouloir à l’âge de 23 ans. Les semaines qui passent s’affichent en écriture, comme un calendrier, comme une épée de Damoclès suspendue au-dessus d’Anne. Dans les dix premières minutes, on sait ce qui va se passer. Pour Anne, c’est la catastrophe absolue. Sa vie en est extrêmement affectée, rien n’est plus comme avant. Car à l’époque, l’avortement était strictement interdit et avait des conséquences juridiques, sans parler de l’ostracisme social. Malgré tout, Anne ne veut pas de cet enfant, en aucun cas, elle veut faire des études. Le titre du film est tiré du livre de la célèbre écrivaine française Annie Ernaux, aujourd’hui âgée de 81 ans, paru en 2000. Pour son récit, elle a puisé pleinement dans sa propre vie. Elle a grandi dans un village de Normandie dans des conditions modestes – ses parents tenaient un petit commerce avec un café – et elle sait ce que sont les privations et ce que c’est que de ne pas être à sa place. Ses livres sont autobiographiques mais écrits avec une certaine distance temporelle. Ils s’appliquent aussi dans une large mesure à l’adaptation cinématographique.
Le pouvoir des images
Pour son deuxième long métrage, la réalisatrice Audrey Diwan a choisi le format d’image 4:3, l’écran n’est donc pas entièrement occupé. Ce quasi-carré au milieu de l’écran souligne l’enfermement dans lequel se trouve la jeune Anne, que ce soit dans la salle de cours à l’université, en faisant la queue dans la salle de douche, avec les étudiantes dans leurs chambres, à la maison avec ses parents qui tiennent un bistrot à la campagne. Le désespoir et la souffrance sont grands, elle ne peut se confier à personne. Même pas à sa mère (Sandrine Bonnaire), qui fait tout pour que sa fille puisse faire des études. Les médecins ne sont prêts à aucune intervention, ils ont peur et la renvoient. Ses deux amies ne veulent plus rien avoir à faire avec elle et ses résultats scolaires tendent vers zéro. Elle ne peut plus se concentrer sur rien. Et pour nous, dans la salle de cinéma, il n’y a pas d’échappatoire. Nous devons accompagner cette histoire jusqu’à la fin, nous y sommes pris avec Anne. Annie Ernaux dit : «Le cinéma a un pouvoir étrange pour exprimer ce qu’Anne traverse.» Elle a été subjuguée par la fusion de l’art dramatique de la jeune actrice Anamaria Vartolomei et de la mise en scène.
Proximité avec le texte
Pour la réalisatrice, il était impossible de se détacher du texte de l’écrivaine, cela aurait été une trahison. il s’agissait d’aller au fond des choses, comme le fait le livre. Le texte est proche de l’événement, il ne l’élude jamais. D’où les longs plans fixes pour exprimer ce que l’on ressent quand on est dans cet état et que l’on veut à tout prix interrompre une grossesse non désirée. C’est finalement un de ses amis (Kacey Mottet Klein) qui aide Anne et lui indique une «faiseuse d’anges», soit son dernier espoir d’avortement – à haut risque.
Conclusion : «L’événement» est une expérience de cinéma percutante, remarquablement interprétée et mise en scène, dans laquelle la souffrance, la solitude et le désespoir s’installent et où, à la fin, une lueur se dessine à l’horizon.
L’événement| Autres voix
«Un thriller humaniste, filmé et joué sur un ton si tendre et si doux». – Variety | «Anne est toutes les femmes à la fois : les femmes d’hier, d’aujourd’hui et de demain». – Cineman | «Un casting de haut niveau d’actrices françaises montantes». – Screendaily | «Au-delà de son sujet,